L’opposition dresse un tableau noir de la situation du pays et fait son autocritique

Les résultats du Congrès du FLN, le changement à la tête du RND, le dernier remaniement ministériel et la situation économique n’augurent rien de bon pour l’Algérie, selon les partis et personnalités de l’opposition regroupés au sein de l’Instance de coordination et de suivi de l’opposition (Icso).

« Le système tente de réorganiser ses rangs à travers le viol des statuts des partis (du pouvoir) et des putschs à la tête de leurs directions et à travers la redistribution des portefeuilles ministériels aux mêmes personnes qui sont impliquées dans les affaires de corruption dans les dossiers de l’autoroute Est-ouest, Khalifa et l’importation des médicaments », explique Mohcine Belabbas, président du RCD.

Préparation de l’après-Bouteflika

Dans son allocution prononcée, ce samedi 6 juin, à l’ouverture de la conférence de l’Icso, M. Belabbes a ajouté : « La persévérance dans la réédition de l’échec vient après l’impossibilité de construire un consensus entre les clans du pouvoir qui luttent les uns contre les autres pour se repositionner afin de se préparer à la période de l’après-Abdelaziz Bouteflika toujours au détriment des intérêts de l’Algérie ».

Ces changements interviennent aussi dans un contexte marqué par la détérioration de la situation des droits de l’Homme de façon générale, selon lui. « De nombreuses arrestations et détentions de militants (…) ont eu lieu au cours de ces derniers mois obligeant un bon nombre d’entre eux à quitter le pays clandestinement ».

Ali Benflis est revenu sur la prise de décision politique. Une décision « qui est prise et exécuté en dehors du cadre constitutionnel » par ce qu’il appelle la « triade du véritable pouvoir ». Celle-ci qui est composée, selon lui, du cercle des proches du président, des forces de l’argent douteux ou issu de la corruption. La « triade du véritable pouvoir » prépare une stratégie d’attaque, selon lui, qui consiste à « faire hériter le pouvoir ».

« Une élection présidentielle anticipée en cercle fermé »

Dans le même sens, Karim Tabbou parle d’une « élection présidentielle anticipée qui se déroule en cercle fermé et qui ne répond pas aux normes démocratiques ».

« Parmi les résultats du Congrès du FLN figure la désignation du président Bouteflika comme président du parti. Peu de gens ont tenu compte de ce détail. En fait, on fait semblant de faire bouger les choses pour que tout reste en place », lance-t-il.

« Le recours à la rue peut être destructeur »

Réunion à huis clos

Dans la situation actuelle, « l’éventualité de voir le peuple sortir dans la rue est fort probable », affirme Abderrezak Makri, président du MSP. Le recours du peuple à la rue sera « spontané », souligne-t-il. Il sera encouragé par les « erreurs du système et ses échecs » et nourri par « les politiques de répression ». « Le recours des gens à la rue pour revendiquer leurs droits peut être destructeur en l’absence d’une autorité nationale, consciente et unie comme cela s’est passé en Syrie et en Libye par exemple comme il peut être une occasion historique pour le changement et la transition démocratique pacifique s’il y a des dirigeants capables de gérer les crises et arriver à réaliser des consensus », explique M. Makri.

« Évaluer la période dans toutes ses dimensions »

Certains membres de l’Icso se sont montrés quelque peu critiques concernant leur propre bilan et ont insisté sur la nécessité de faire une évaluation. « On a obtenu des résultats acceptables en une année (…) mais le niveau de nos réalisations ne peut satisfaire les citoyens algériens qui veulent un changement rapide et radical. Il faut reconnaître que beaucoup parmi ceux qui se sont réjouis de notre réunion ont été quelque peu déçus car ils s’attendaient à une grande capacité d’opérer un changement dans les équilibres », a souligné le président du MSP qui pense qu’il est nécessaire d’évaluer la période dans toutes ses dimensions.

« Marche populaire le 5 octobre »

Au cours de leurs interventions, les membres de l’instance ont également fait part de leurs propositions dont la nécessité d’élargir « le cercle des participants à notre action », selon Sofiane Djilali, président de Jil Jadid et « le changement de dénomination » afin d’opter « pour une appellation qui soit médiatiquement plus efficace que l’Icso ».

Mohcine Belabbas a proposé l’organisation d’une marche populaire le 5 octobre prochain dans la capitale afin de dénoncer « les atteintes au libertés fondamentales, individuelles et collectives ».

 La réunion qui se tient au siège du MSP se poursuivra toute la journée à huis clos.

Source : Site Web « TSA Algérie »

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